L'Union Européene impose de nouvelles règles en matière de 'gig-economy'
10.05.2019 | María Sáenz de Buruaga
Comme l’a décrit Maria Luz Rodriguez dans son dernier post, l’essor de l’économie de plate-forme a un impact significatif sur la création d’emplois dans toute l’Europe. De plus en plus de jeunes travailleurs sont employés dans des plateformes telles que PeoplePerHour, uber ou Deliveroo, complétant leurs emplois à temps partiel pour gagner des revenus supplémentaires. Cependant, étant donné la forte association entre le travail de plate-forme et la précarité, de nouveaux défis se posent lorsqu’il s’agit d’assurer des protections sociales de base. Dans ce contexte, Marianne Thyssen, commissaire européenne chargée de l’emploi, des affaires sociales, des compétences et de la mobilité des travailleurs, a proposé, en décembre 2017, avec le lancement du socle européen des droits sociaux, un texte législatif visant à adapter le marché du travail conditions à la nouvelle réalité numérique. Cette initiative, intitulée «conditions de travail prévisibles et transparentes», était fondée sur un rapport publié par le Centre commun de recherche de la Commission européenne et avait pour objectif de mettre à jour et de remplacer la déclaration écrite obsolète Directive du 1991.
Un an après le début des négociations, le Parlement européen a approuvé le 16 avril la directive, qui a été adoptée avec 466 votes favorables à 145 négatifs et 37 abstentions, et s’appliquera aux travailleurs en emploi occasionnel ou à court terme, à la demande travailleurs, travailleurs intermittents, travailleurs à base de bons, travailleurs de plate-forme, stagiaires rémunérés et apprentis, à condition qu’ils travaillent 3 heures par semaine et 12 heures par 4 semaines en moyenne. Selon le député espagnol chargé du traitement de la norme, Enrique Calvet Chambon (ADLE), «tous les travailleurs qui ont été dans un limbes auront désormais droit à des droits minimaux et aucun employeur ne pourra abuser de la souplesse du marché du travail». En effet, la loi convenue introduit trois nouveautés importantes. Premièrement, elle renforcera les exigences en matière de transparence, demandant aux employeurs d’informer les travailleurs des aspects essentiels de la relation de travail, tels que l’identité des parties à la relation et le lieu et la nature du travail, la base initiale le montant de la rémunération et le montant du congé payé ou la durée de la journée ou de la semaine de travail standard lorsque le modèle de travail est prévisible.
En outre, lorsque le modèle de travail est entièrement ou principalement imprévisible, les employeurs devront également informer les travailleurs des heures et des jours de référence dans lesquels ils peuvent être tenus de travailler, la période minimale de préavis que les travailleurs recevront avant le début de le travail et le montant des heures payées garanties. La deuxième modification apportée par la directive fait référence à la reconnaissance de droits minimaux supplémentaires pour les travailleurs, y compris le droit d’occuper un emploi en parallèle avec un autre employeur; de demander, après au moins six mois de service auprès du même employeur, un emploi avec des conditions de travail plus prévisibles et plus sûres ou de recevoir une indemnisation si l’employeur décide d’annuler une affectation de travail après un délai raisonnable déterminé. Et enfin, le texte juridique impose de nouvelles obligations aux employeurs en ce qui concerne la formation et la période d’essai. Alors que ce dernier sera limité à un maximum de 6 mois, avec des périodes plus longues permises seulement étant donné que cela est dans l’intérêt du travailleur ou est justifié par la nature de l’œuvre, la formation sera obligatoire, comptant comme temps de travail, gratuitement.
L’accord conclu aurait un impact important sur le marché du travail de l’UE, affectant, selon la Commission, plus de 200 millions personnes dans l’ensemble de l’Union. Toutefois, deux catégories de travailleurs sont exclues du champ d’application de la directive: d’une part, ces salariés que ceux qui sont embauchés pour moins de sept jours et, d’autre part, les indépendants. Cette dernière exclusion pourrait nous faire penser que la directive manquera d’applicabilité effective puisque la plupart des coureurs employés pour des plateformes telles que uber ou Deliveroo sont toujours considérés comme des travailleurs autonomes. Cependant, la réalité semble un peu différente maintenant. En fait, il y a un nombre croissant de jugements récents (Deliveroo, Glovo) qui s’est prononcé contre cette supposition et qui reconnaissent les «coureurs» comme de faux travailleurs autonomes. Par conséquent, si la tendance judiciaire ne change pas, une grande partie des travailleurs des plateformes tomberait sous le champ d’application de la directive. Toutefois, l’application effective du texte dépendra des États membres, qui auront trois ans pour mettre les règles en pratique.
Pendant ce temps, dans le maelström du Brexit, l’impact de la directive est incertain pour le Royaume-Uni. Selon la BBC, le pays ne sera obligé de mettre en œuvre la loi que si elle est encore un État membre de l’UE trois ans après l’entrée en vigueur de la nouvelle directive. Les réactions à l’approbation se sont transformées comme prévu. La Commission s’est félicitée de l’accord, déclarant qu’il s’agit d’une étape importante pour faire du socle européen des droits sociaux une réalité pour les citoyens de l’UE. Pour leur part, les plateformes ont tous plaidé pour la même approche: elles ne se sentent pas liées par les nouvelles règles, car elles prétendent que leurs coureurs ne relèvent pas de la directive car ils sont véritablement indépendants.