Le manifeste des S&D raconte les dilemmes de la démocratie sociale en Europe
05. 04. 2019 | Eduard Redondo & Luis Bouza
Au bord des élections européennes de mai, entre une période d’incertitude politique et de résultats surprenants, chaque famille politique européenne prépare sa stratégie et tente de fixer un agenda politique capable de relever les défis actuels et futurs de l’UE. Un large consensus est en train de se dégager sur la nécessité de progresser vers une nouvelle idée de l’Europe, bien qu’il y ait un dissension clair et significatif sur la voie à suivre. En comparaison avec les élections européennes de 2014, le manifeste du parti socialiste européen pour les élections européennes de mai 2019 montre des changements dans certaines propositions et un certain nombre de nouveaux pour répondre à de nouvelles demandes, mais il maintient la majorité de leurs principes et des plans pour l’Europe. Les socialistes rejettent explicitement le statu quo et alertent que son entretien est dangereux pour l’avenir de l’UE. Au lieu de cela, ils proposent un nouveau contrat social pour l’Europe comme moyen de changer à la fois le déroulement des politiques d’austérité et le récit des nouveaux partis populistes et eurosceptiques.
Alors qu’en 2014, le PSE était plus intéressé à changer le système financier et ses institutions comme l’un des principaux débats afin de les empêcher de jouer avec la vie et les projets des citoyens, en 2019, ils font plus référence à des questions telles que le rétablissement du climat nouvelles politiques de genre et d’égalité. De retour en 2014, le PSE met beaucoup l’accent sur la réglementation du secteur bancaire avec un contrôle plus démocratique, tandis que le manifeste actuel se concentre davantage sur un fonds de transition pour faciliter la mise en œuvre du programme de développement durable et des objectifs de l’ONU d’ici 2030. Afin de remédier aux conséquences de la crise économique, le PSE prétend faire un pas en avant dans le renforcement des États providence, offrant une meilleure protection aux personnes en situation de vulnérabilité. À ce sujet, le PSE propose un mécanisme européen complémentaire d’assurance-chômage. Enfin, contrairement à leur programme en 2014 qui portait sur la promotion de la démocratie au sein des institutions de l’UE, le manifeste de cette année est beaucoup plus axé sur la protection de la démocratie dans les États membres, avec des références aux minorités, à l’état de droit ou à de fausses nouvelles. Cela semble refléter un clivage croissant par rapport aux mouvements populistes eurosceptiques.
Le manifeste reflète certains des dilemmes des partis sociaux-démocratiques en Europe, mais aussi certains des choix stratégiques du PSE pour la période 2019-2024. Le principal dilemme repose sur la fragilité croissante de la coalition sociale-démocratique des électeurs de la classe moyenne et ouvrière, car les premiers semblent de plus en plus tentés par des alternatives vertes et libérales alors que les seconds ont un choix croissant en matière de bien-être le chauvinisme et les nouveaux partis de gauche. Les choix stratégiques sont la conséquence de l’évolution rapide de la force relative des principaux partis nationaux avec le Brexit et la catastrophe du Français et des socialistes italiens laissant les socialistes espagnols et roumains comme les principales forces après le SPD allemand et le réalignement des alliances au sein du PE. L’importance du changement dans la force relative apparaît dans la comparaison des manifestes de deux parties dans des situations différentes, le Français PS, évadé du gouvernement en 2017, et le PSOE espagnol au pouvoir devant les sondages d’opinion.
Le parti socialiste (PS) en France est en termes généraux très proche du programme PSE, soutenant explicitement la construction d’une Europe sociale, en avangeant dans l’égalité des droits et des politiques inclusives, en investissant dans les services sociaux de base et en promouvant les valeurs de la solidarité et la tolérance entre les différents États membres. Cependant, la position du PS montre plus intensément la lutte des partis sociaux-démocratiques pour conclure un accord entre «gagnants et perdants» de la mondialisation. D’une part, ils offrent quelque chose pour les électeurs concernés par les questions vertes: sur le changement climatique, le manifeste du PS va au-delà des SPE et exige des mesures encore plus fortes tournant autour d’une fiscalité plus élevée pour les entreprises ne respectant pas les lois environnementales. Il aborde les préoccupations liées à la politique identitaire axée davantage sur l’insécurité et les menaces terroristes et ne s’attaque pas aux questions d’immigration et propose de protéger des secteurs spécifiques de l’économie.
D’autre part, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), semble plus aligné avec le manifeste du PSE-et met l’accent sur les questions progressistes-libertaires comme une Europe féministe et un engagement à supprimer toutes les discriminations pour les personnes LGBTI. En ce qui concerne les dilemmes internes, le PSE continuera à éprouver des tensions similaires au parti populaire européen par rapport à certains de ses membres dans le centre de l’Europe de l’est, comme cela s’est produit dans le passé avec le leader slovaque controversé Robert Fico. Comme c’était le cas pour les questions Fico restent ouvertes en ce qui concerne la migration (avec les socialistes slovaques et bulgares exigeant des contrôles frontaliers plus forts et des quotas de réfugiés opposés), le mariage homosexuel (les partis bulgares et roumains s’y opposent à des degrés différents) et l’état de droit, comme des accusations d’entrave à l’état de droit et lutte contre la corruption se développent contre la Roumanie décision PSD.
Enfin, le PSE devra également faire face à un certain nombre de dilemmes concernant sa coopération avec d’autres forces au Parlement européen. D’une part, le PSE pourrait essayer de mener un grand espace progressif où non seulement les sociaux-démocrates, mais aussi les partis verts, les autres partis de gauche et certains partis libéraux modérés peuvent s’adapter. Cela semble être la tentative des socialistes Français de faire partie de la Coalition pour les élections européennes. D’autre part, si les élections sont combattues sur un clivage opposant les pro-européens et les eurosceptiques et que le résultat est un grand groupe populiste eurosceptique, les sociaux-démocrates seront probablement contraints de nouveau à coopérer avec le parti populaire européen et l’ALDE pour assurer une majorité pour un programme pro-européen mais pas nécessairement progressif au sein du PE.