Réponse d’AKK à l’initiative de Macron: une perspective très allemande

RÉPONSE D'AKK À L'INITIATIVE DE MACRON: UNE PERSPECTIVE TRÈS ALLEMANDE

29.03.2019  |  Prof. Dra. Claudia Wiesner

L’Union chrétienne-démocrate (CDU) a enfin réagi aux propositions de réforme de l’Union Européenne d’Emmanuel Macron. Les circonstances ont donné lieu à quelques remarques critiques: Premièrement, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), récemment élu à la tête de l’Union démocrate-chrétienne, n’est pas en position de gouvernement. Deuxièmement, le gouvernement allemand actuel est dirigé par une grande coalition de démocrates-chrétiens et de sociaux-démocrates, et il est tout à fait évident qu’il y a désaccord entre le partenaire sur une dimension qui a été jouée par AKK-la dimension d’une «Europe sociale».  Troisièmement, certains des points qu’elle jouait sont fixés dans le contrat de coalition entre les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens, en particulier, un salaire minimum européen. Quatrième et dernière, on a demandé pourquoi AKK a répondu au lieu d’Angela Merkel, qui est encore le chancelier et a l’intention de le rester jusqu’à la fin de la période législative en 2021.

Les propositions d’AKK représentent alors ce qu’on peut qualifier de perspective très allemande: elles visent à renforcer l’UE dans son rôle international et géopolitique, mais pas dans la politique sociale et économique. Elle s’est exprimée contre tout «centralisme européen» et a insisté sur le principe de subsidiarité, ce qui signifie clairement qu’elle ne voulait pas soutenir les politiques sociales conjointes de l’UE. Elle ne s’est pas non plus placée sur la démocratie dans l’UE – alors que macron a affirmé à maintes reprises que l’UE et en particulier la zone euro devaient être démocratisées. Macron a même suggéré un Parlement de la zone euro. AKK a donc plaidé en faveur d’une Union européenne plus forte, mais contre une UE sociale et une UE plus démocratique.

L’un des prédécesseurs d’AKK dans la présidence de la CDU, le regretté ancien chancelier Helmut Kohl, a été beaucoup plus progressiste qu’elle. Il a toujours été un défenseur d’accorder plus de droits au Parlement européen. AKK’s position alors ist o être expliquée contre un contexte économique allemand ordolibéral qui voit encore l’Union économique et monétaire si nécessaire, mais pas comme quelque chose qui devrait être démocratiquement gouverné ou contrôlé, en particulier pas au niveau de l’UE.

Au vu de la crise actuelle de l’UE, une telle perspective est à court terme. Les taux de soutien pour l’UE ont été les plus sévèrement touchés par les États qui ont été les plus durement frappés par l’austérité, comme la Grèce. Même s’il n’y a pas de relation causale directe entre l’austérité et le populisme de droite, la plupart des universitaires conviennent que la politique de l’austérité monétaire a contribué à déclencher l’explosion du droit. l’aile-populisme dans toute l’UE. Nous avons également des indications claires que les citoyens attendent des solutions concrètes pour des problèmes concrets de l’UE, en d’autres termes: la production de politiques qui les aide dans leur vie quotidienne. Un salaire minimum de l’UE, mais une mesure aussi concrète. Le point essentiel dans tout cela est que ces débats ne sont pas simplement des débats sur les meilleures alternatives politiques-la question est celle de la sauvegarde de la démocratie dans l’Union européenne et ses États membres à moyen terme et à la longue en réagissant à un mécontentement croissant avec la politique d’austérité.

À cet égard, les propositions d’Emmanuel macron sont beaucoup plus substantielles et clairvoyantes qu’on ne peut le dire de la réponse d’AKK. Cependant, elle n’est pas la plus décisive et non le seul acteur, et les sociaux-démocrates, en particulier le candidat allemand de l’UE, Katharina Barley, se sont clairement dit qu’une UE plus sociale et plus démocratique est leur objectif. En résumé, il restera à voir ce que la politique allemande de l’UE sera comme après la prochaine élection de l’UE.